mercredi 11 novembre 2020

Le séneçon du cap : chronique d'une africaine invasive

 


Originaire d'Afrique du sud, le séneçon du Cap (Senecio inaequidens DC.) fut introduit en Europe à la fin du XIXe siècle. En France, son introduction dans les années 1930 serait liée à l'industrie lainière, avec des graines accrochées à de la laine de moutons, importée par des usines du Tarn et du Pas-de-Calais. Très vite propagée dans le sud méditerranéen, la plante est en pleine expansion dans les milieux perturbés et rudéralisés, les axes de communication tels que les routes, les autoroutes, les voies ferroviaires ou fluviales, les bords de rivières, les friches industrielles...

Le séneçon du Cap est une plante vivace qui forme une touffe arrondie et dense, ne dépassant guère les 80 centimètres de haut. Les tiges sont glabres, ligneuses à la base, d'abord couchées sur le sol, puis redressées et très ramifiées. Les feuilles sont glabres, entières, étroites et linéaires, irrégulièrement dentées. Les capitules de fleurs jaunes sont regroupés en corymbes lâches. Si les conditions sont favorables, la floraison peut s'étendre de mars à décembre, pour ne pas dire toute l'année. Les fruits sont des akènes cylindriques, pubescents entre les côtes, surmontés d'une aigrette blanche, de 2 à 3 fois plus longue que les akènes. Chaque plante peut en produire de 10.000 à 30.000 par an. Les graines sont disséminées par le vent, la circulation routière, les déplacements d'air, le ruissellement des eaux pluviales. La germination est rapide. Peu exigeant, le séneçon du Cap s'adapte à tous les types de sol et n'a pas besoin de beaucoup de terre, son système racinaire étant dense mais superficiel. C'est une espèce envahissante, voire invasive, en forte progression dans certaines régions comme en Auvergne, où elle abonde surtout à l'étage collinéen, mais elle peut atteindre l'étage montagnard jusqu'à 1.100 mètres, comme sur la planèze de Saint Flour.

Le séneçon du Cap renferme des alcaloïdes pyrrolizidiniques, hépatotoxiques pour les animaux herbivores et de nombreux insectes, même s'il peut servir de nourriture à des chenilles de petits papillons crépusculaires de la famille des Ptérophoridés.

Le long des autoroutes, des voies ferrées, ou dans un terrain vague, rien ne semble freiner le développement de cette espèce de séneçon qui, de plus, diffuse dans le sol des substances chimiques empêchant à terme le développement d'autres plantes.